Ciao Italia ! au Musée National de l’histoire de l’Immigration

Du 28 mars au 10 septembre, au Musée National de l’histoire de l’Immigration au Palais de la Porte Dorée, se déroule l’exhibition Ciao Italia ! : Un siècle d’immigration et de culture italiennes en France (1860-1960) sous le commissariat de Stephane Mourlane, Dominique Paini et Isabelle Renard. Cette exhibition veut, selon ses organisateurs « retracer le parcours géographique, socio-économique et culturel des immigrés italiens, en jouant sur les clichés et préjugés de l’époque et en rappelant la xénophobie dont ils étaient victimes »

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Le parcours de l’exposition s’ouvre par ce que les commissaires appellent un « choc mémoriel », un « rappel des faits » synthétique et monumental. Cette entrée campe le décor, en exposant d’emblée les tensions et les oscillations « entre méfiance et désir d’Italie » suscitées par l’immigration.
En rentrant dans l’exposition, la première surprise est l’installation de Moataz Nasr avec des scooters Vespa disposés en cercle, sans beaucoup de contexte ou d’explication, dans une salle circulaire délimitée par des colonnes, avec des arcs qui imitent l’architecture classique italienne. D’un ton sombre, un peu confus, cet espace se veut l’espace central d’où partiront les grandes lignées de l’exposition. C’est une salle très chargée de contenu politique, où se trouve un buste de Benito Mussolini, abimé lors de la chute du régime. Apres avoir traversé cet espace, on trouve des panneaux explicatifs avec des chiffres et des statistiques sur la migration italienne, la plus nombreuse en France, avec de cartes détailles qui montrent la répartition des milliers des immigrés italiens dans la République et au monde.

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Source: Timeout.fr

En ligne avec le musée qui l’accueille, l’approche de Ciao Italia ! ne se veut pas encyclopédique sinon qu’elle veut montrer l’histoire d’un peuple à travers quelques récits personnels. Tout s’organise autour de trois questions générales : « D’où viennent-ils ?», « Que font-ils ?», « Que nous laissent-ils ? » Ces questions fonctionnent à la fois comme une introduction à d’autres sujets, comme le travail et la religiosité, qui sont illustrés par de sources d’archive très divers, notamment des objets personnels et des photos de famille. On y trouve aussi des morceaux de films, de la musique, des documentaires et des émissions de télévision, ainsi qu’un volet dédié aux stars du cinéma comme Lino Ventura. Ici, Yves Montand, le souriant protagoniste de l’affiche officielle de l’exposition, chante « Bella Ciao » à coté des portraits de la Rina Ketty, dans une exhibition où les sons, les saveurs et les mémoires de l’Italie se mélangent dans une ambiance festive.

Les artistes sont les protagonistes de Ciao Italia !, où les arts plastiques occupent un rôle central. Des grands tableaux comme Gli Emigranti, d’Angelo Tomassi, une toile de 2.62 x 4.33 mètres, provenant de la Galleria Nazionale de Roma, ont parcouru des kilométrés pour l’occasion. Cependant, la salle d’exposition semble un peu trop petite pour accueilir tout ce que l’on veut montrer. Des tableaux comme ceux de Gino Severini et le groupe des Sept, provenant de diverses institutions européennes, ont été accrochés dans un un mur et donnent une vue d’ensemble très cohérent, tandis que d’autres tableaux se perdent dans le abondance.  Le petit écolier, d’Antonio Mancini en est un bon exemple qui souffre les consequénces d’un accrochage qui donne l’impression d’avoir être fait à l’arrache. Une place considérable – heureusement – est donnée à l’art contemporain. Les oeuvres des artistes contemporains comme Jannis Kounellis et Leonardo Cremonini occupent un lieu privilégié. Les aquarelles de Giulia Andreani, éparpillées tout au long de l’exposition, veulent tisser un lien entre le passé et le présent, fait que malheureusement peut passer inaperçu par le spectateur non averti, en raison de la manque d’information sur l’oeuvre.

Accompagnant l’exposition, des pièces de theatre, des spectacles de danse et des visites guidées chantées, comme ainsi des projections de films, ont été prévues. En plus, un colloque organisé en partenariat avec l’Institut Culturel Italien de Paris aura lieu en juin aux salles du Musée. Le catalogue, co-édite par le Musée National de l’Histoire de l’Immigration et des Editions de La Martinière, présente des nombreux textes académiques d’une grande rigueur scientifique, qui nous permettent découvrir la diversité des regards portés sur ces immigrés venus s’installer en France, pour montrer comment, qu’ils soient des ouvriers agricoles, des industriels, des bûcherons, des maçons, des anarchistes ou des antifascistes, les immigrés italiens ont contribué très largement au développement de la société française. Un fait qui bien mérite d’être fêté.